TANGER

LUMIERES ET DETAILS

Ville mythique, Tanger, c’est cette cité, carrefour de l’Atlantique et de la Méditerranée. Une ville ou le continent africain et l’Europe se regardent dans les yeux les jours où il n’y a pas de brume.

Portfolio de la ville entre lignes d’horizon, ombres de nuit et beautés dans les détails.

Photographies par Aymeric Cattenoz

LE MYTHE

De Tanger, ville située sur la côte Nord du Maroc, tout a été dit ou presque. Une ville marquée par son statut de cité internationale, où longtemps une faune hétéroclite et internationale, s’est pressée. Les écrivains de la beat generation en tête. Il y ont écrit et laissé un souvenir amer, qu’un long article dans M le Magazine du Monde, décrivait avec justesse.

De Tanger, on touche Tarifa l’espagnole du doigt. De Tanger, on parle à Chefchaouen, la magnifique cité bleue nichée au coeur du Rif. De Tanger, on se faufile doucement vers le coeur du Maroc, à travers l’autoroute qui déboule sur Rabat la capitale, puis Casa? Essaouira, Agadir, Dakhla et le grand Sud (sans l’autoroute, qui nous fausse compagnie avant Essaouira).

Tanger, c’est une ville dont on ne sait jamais vraiment ce qu’elle nous dit. Il s’agit finalement peut-être surtout de ce que l’on veut y trouver, y entendre y voir.

Une ville qui se découvre avant tout par ses lignes, horizontales et verticales.

TANGER

Les toits de Tanger.

On pourrait y passer une vie peut-être. Au milieu des draps qui sèchent. Des Occidentaux qui savourent les msimen du petit-déjeuner, des locaux qui vivent, tout simplement, des mouettes qui clignent de l’oeil en se dirigeant vers l’océan.

Le matin, il y a cette lumière, drue, totale, aveuglante. On distingue la longue plage du centre. On observe les hauts batiments de la ville. On respire l’air frais de la mer. A Tanger, il peut faire frais, lorsque l’on suffoque à Marrakech.

Puis, le soir. Les connaisseurs vous parleront du Nord-Pinus, ou du Dar Nour. On y regarde le soleil colorer le ciel en rose, en pourpre et en doré. Une ville en hauteur qui se dessine, où l’on aimerait presque passer de terrasse en terrasse, jusqu’à l’horizon.

TANGER

HASSAN ET LES PIL-PIL

En bas, dans les rues de la kasba, les touristes naviguent d’échopes en échopes. Tout est ouvert ou presque. Mais c’est rue d’Italie, en contrebas des petites boutiques tendances (dont Petit taxi en premier lieu)que l’on aime s’arreter.

Cette rue, se dessine en serpentant jusqu’à la place du merveilleux cinéma Le Rif.

Les enfants y courent, les parents y trainent. Les tv sont branchées, souvent sur le footbaal. On s’entasse chez le coiffeur. On achète des oranges, des bananes, des gateaux. Dans la nuit, des planneurs lumineux passent entre les gamins.

En face du cinéma l’Alhambra, on repère une file d’attente. C’est celle qui mène Chez Hassan.

Ils sont 5,6 à tourner, les mains chargées de grillades, de frites maison, de poissons et de tajines. Les jeunes patrons ont toujours l’air embêtés. Une table pour 4? Ils jettent un oeil peu convaincus. Ils savent que toutes les tables sont occupées par des convives ravis.

Mais personne ne ronchonne. Parfois, on se décale en urgence et l’on remonte sur le trottoir. Une voiture file à toute vitesse.

Les crevettes Pil-Pil. Celles à l’ail. Elles se saucent avec du pain. On vendrait père, mère, amant et maitresse pour une assiette de Pil-Pil. La fumée, de l’éventail qui fait griller les poissons sur le mini brasero coincé derrière les tables.

On sympathise avec le voisin, ici, tout le monde mange à la même table. Et on se fait un clin d’oeil entre connaisseurs.

A bientôt! “Mais, je te connais toi, tu es déja venu!”.

HAFA. LE CAFE ET LES MOUETTES

Le lendemain.

Il faut remonter un peu en longeant la côte, au-dessus de la kasbah. On prend une petite route qui ne dévoile pas immédiatemen,t le café …

Il y a l’horizon. Bleu. Bleu de mer et bleu de ciel. Les mouettes sont reines. Elles s’arrêtent ici ou là, puis reprennnent leur balai en hauteur.

Face à la mer, il y a ces rangées, les unes derrière les autres. Les habituées sont là depuis longtemps. Rapidement, un jeune approche et dépose, comme une évidence plusieurs thé à la menthe.

Les tables en zelliges sont parcourues de feuilles de menthe et de paroles dans toutes les langues. Il n’y guère de bruit. Celui des mots, celui du ressac de la mer ou les murmures du vent.

On pourrait rester ici. Un millions d’années à coup sur.

A Tanger.